Dans pratiquement toutes les langues occidentales, le nom de la poire est directement dérivé du latin Pyra. Le terme est apparu dans la langue française au XIIe siècle. Le nom de « pomme-poire » que l’on donne à la poire asiatique est erroné. Il ne s’agit ni d’une pomme, ni du produit d’un croisement entre une pomme et une poire, comme on l’a longtemps cru. C’est bel et bien une poire (du genre botanique Pyrus). Elle se distingue de sa cousine européenne par quelques caractéristiques, dont sa forme et sa taille.
Les arbres du genre Pyrus sont originaires du Moyen-Orient et des zones subalpines du Cachemire. On trouve encore des espèces sauvages en Asie centrale et en Extrême-Orient. Leurs fruits sont petits et peu nombreux, si bien qu’ils ne sont cueillis que par les oiseaux.
Originaire de l’Asie Centrale, la poire migra vers l’Europe où elle trouva une belle terre d’accueil.
La culture de la poire débute plus de 4000 ans avant notre ère en Chine. Il semble que les agriculteurs ont commencé à domestiquer le poirier il y a 7 000 ans, probablement en même temps que le pommier. On évoque un certain Chinois nommé Feng Li qui, 5 000 ans avant notre ère, aurait abandonné son poste de diplomate pour se consacrer à sa nouvelle passion, la greffe des pêchers, des amandiers, des plaqueminiers, des poiriers et des pommiers. Deux mille ans plus tard, la poire figure sur des tablettes d’argile sumériennes, aux côtés du thym et des figues.
Sa culture se poursuit en Grèce où Homère disait d’elle que c’était un cadeau des dieux. Mais c’est aux Romains que l’on doit sa véritable diffusion dans le reste de l’Europe. Ils l’auraient plusieurs fois croisée et auraient créé une cinquantaine de variétés. À l’heure actuelle, il y aurait dans le monde plus de 15 000 variétés, toutes dérivées de deux espèces : la poire dite asiatique (Pyrus sinensis) et la poire dite européenne (Pyrus communis).
Au Moyen-Age, le fruit est peu réputé, dur et donc consommé essentiellement cuit. Puis sa saveur et sa texture sont améliorées courant de la Renaissance.
La tradition rapporte que les souverains venant se faire sacrer dans la Cathédrale Notre-Dame de Reims, recevaient en cadeau une poire et une coupe de champagne. Charles X en dégusta également lors de son sacre en 1825 tandis que le maire de Reims lui disait : « Nous vous offrons ce que nous avons de meilleur : nos vins, nos poires et nos cœurs. »
La poire est très aimée par Louis XIV qui en fait cultiver dans son jardin. A cette époque, il en existe près de cinq cents variétés.
Aujourd’hui, on dénombre plusieurs milliers de variétés de poires. Seulement une dizaine sont consommées et leur existence date du siècle dernier. La poire peut être dégustée toute l’année grâce aux variétés d’été et d’automne-hiver. En été, nous trouvons principalement la Docteur Jules Guyot, ou simplement Guyot, et la Williams, la variété la plus cultivée au monde. En automne et en hiver, il y a plus de choix : la poire Conférence (la plus cultivée en Europe), l’Angélys, la Doyenne de Comice, la Passe-Crassane, la Beurré Hardy, et bien d’autres…
En Chine, la fleur du poirier est le symbole du caractère éphémère de l’existence, car elle est très fragile. En Occident, dans l’univers onirique, la poire est un symbole érotique féminin. Les noms qu’on lui a donnés au fil des siècles en témoignent assez bien : Belle Lucrative, Comtesse d’Angoulème, Doyenne du Comice, Duchesse d’Orléans, Joséphine de Malines, Louise-bonne de Jersey, Marie-Louise, Madeleine, Winter Nelis…